La sécurité des Jeux Olympiques de 2024 : serons-nous prêts ?

23 septembre 2020 | Actualité

 

Les 16 et 17 septembre 2020, s’est tenu, à Cannes, le Salon Security, Safety and Prevention meetings, dont le GPMSE Fédération est partenaire. A cette occasion, Luc Jouve, Président du GPMSE Installation, participait à l’une des tables rondes, portant sur la Sécurité des Jeux Olympiques de 2024. Lors d’un entretien, il nous partage les réflexions menées sur la sécurité électronique, les technologies et l’adaptation nécessaire des textes juridiques face à certaines de ces technologies.
 
A événement inédit, chiffres inédits, et moyens adaptés

Les Jeux Olympiques et paralympiques, qui devraient débuter le 26 juillet 2024, se dérouleront pendant 45 jours. Quelques chiffres, très évocateurs, témoignent de l’ampleur de ce grand événement sportif tant attendu, au niveau planétaire : 15 000 athlètes, 20 000 journalistes accrédités, 50 000 bénévoles, 13,5 millions de spectateurs ; quelque 4 milliards de téléspectateurs ; 12 millions de billets pourraient être vendus, 11 millions de voyageurs traverseraient la petite et grande couronne, quotidiennement, pendant l’événement.

« Assurer la sécurité de tous, durant cette période, pour faire de ces jeux une belle réussite, est un réel enjeu, qui nécessite, plus que jamais, une coopération et une articulation des missions entre les forces de sécurité régaliennes, les polices municipales et les acteurs de la sécurité privée. Il est prévu, notamment, un recrutement de quelque 30 000 agents de sécurité, soit une augmentation de 20% des effectifs actuels.

En outre, les technologies vont également jouer un rôle majeur. Lorsqu’elles sont éprouvées, elles apportent une réelle assistance au personnel de sécurité. Nous avons le devoir de les accompagner dans la réussite de leur mission, en leur fournissant des dispositifs qui contribuent à une prévention et une sécurisation optimales ; nous devons faire reconnaitre leur rôle essentiel et la valeur ajoutée de cette complémentarité en développant, par exemple, la technologie des drones et celle de la reconnaissance faciale. Et nous avons toutes les compétences nécessaires en France », affirme Luc Jouve, qui précise alors « les systèmes évoluent sans cesse. Le développement informatique des logiciels est exponentiel, chaque nouvel algorithme permet des gestions de flux et des contrôles de foules de plus en plus rapides et précis… Or si nous avons toutes les compétences pour diffuser et exploiter ces nouveaux systèmes, intégrant de plus en plus l’intelligence artificielle, il est encore très difficile de les utiliser, car la législation nous contraint fortement », souligne le Président du GPMSE Installation.

 

En marche vers un assouplissement des règles ?

Et d’ajouter « le Secrétaire d’Etat au numérique, Cédric O, semble favorable à des expérimentations sur le sujet de la reconnaissance faciale. Par ailleurs, la Présidente de la CNIL a récemment laissé entendre que des expérimentations seraient envisageables ‘soit sur la base d’un consentement réel, soit par un texte qui autorise pour une durée limitée et sur un périmètre défini, l’utilisation de ces pratiques’.  Or, le temps nous est compté. La France, qui accueille la coupe du monde de rugby en 2023, puis les JOP en 2024, doit se parer des nouvelles technologies qui feront de ces jeux une fête mémorable. Pour ce faire, il faut agir vite. La législation doit s’adapter. Cela passera probablement par des modifications des textes, peut-être aussi par des lois d’exception. Pourquoi ne pas pouvoir utiliser la reconnaissance faciale sous le contrôle d’un juge, pour des personnes condamnées, par exemple ? Qu’un juge puisse autoriser l’intégration du visage d’un terroriste condamné, dans un système de vidéo-surveillance, qui sera repris dans les gares, les aérogares, les villes, le métro… »

Luc Jouve illustre ses propos en prenant le cas de l’Espagne : « Nous avons pu constater les effets concluants du système de reconnaissance faciale utilisé dans la gare routière d’Atocha, à Madrid, lors de la visite effectuée en 2018, dans le cadre de l’Assemblée générale du GPMSE. Dès qu’un délinquant est condamné, les données le caractérisant, physiquement, et tout particulièrement son visage, sont intégrées au système de vidéosurveillance de la gare. S’il pénètre dans la gare, les agents de la sécurité peuvent alors le suivre, surveiller ses agissements et prévenir, le cas échéant, les autorités compétentes lorsque cela s’avère nécessaire. En Espagne, le continuum de sécurité est mis en pratique depuis 2014 ; la sécurité privée jouit de prérogatives beaucoup plus importantes que celles que nous possédons, en France et nous constatons que cette coopération est très concluante, notamment avec la Guarda Civile. »

 

« La cybersécurité : privilégier le savoir-faire français »

Pour Luc Jouve, la cybersécurité est un enjeu crucial. Durant les Jeux Olympiques et paralympiques, la sécurisation des données « devra être optimale, tant au niveau de la vente des billets, que des badges, de la transmission des informations sur les télévisions du monde entier…. La cybersécurité est l’affaire de tous, tant professionnellement que dans notre quotidien. Le hacking est omniprésent. Nous devons tous être très vigilants ; les dirigeants d’entreprises doivent anticiper tout risque majeur qui viendrait mettre en péril leur structure. Des entreprises françaises proposent des solutions et services très performants. J’espère que l’Etat privilégiera ces dispositifs, dans le cadre de la sécurisation des systèmes d’information et de communication, lors des grands événements sportifs. Et j’espère qu’il en sera de même concernant les sociétés de surveillance humaine retenues et les dispositifs de sécurité électronique ! »

Publié le 23 septembre 2020

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