3 QUESTIONS A …

23 septembre 2024 | Nos newsletters, Septembre 2024, Actualité

Patrick HAAS

Rédacteur en chef de la revue En Toute Sécurité et de l’Atlas de la Sécurité

1- En tant que rédacteur en chef de la revue En Toute Sécurité et de l’Atlas de la sécurité, quelle est votre perception du climat d’affaires du secteur de la sécurité électronique en cette rentrée de septembre ?

Contrastant avec la morosité économique du pays, l’ensemble de la filière sécurité se porte bien, et tout particulièrement la sécurité électronique. Cette dernière a connu une très forte progression de son activité en 2023 et la tendance devrait être identique en 2024, selon les chiffres que nous avons collectés auprès des entreprises et que nous publions ce mois de septembre dans notre Atlas.

C’est ainsi que les ventes de drones de sécurité se sont envolées de 30% et que celles de télésurveillance résidentielle ont bondi de 13%, tandis que la cybersécurité frôle les +12% et que la vidéosurveillance et le contrôle d’accès flirtent avec les +9%.

2024 est la quatrième année de forte croissance. Le rebond constaté en 2021 après la crise sanitaire s’est donc prolongé. Cela est dû à une multiplication des menaces, à un sentiment d’insécurité et aussi à un coup de pouce en raison des Jeux Olympiques.

 

2 – Vous parlez de « l’effet Jeux Olympiques ». Quel est son impact sur le secteur ?

Pour la sécurité électronique l’effet est plus diffus que pour la surveillance humaine qui a connu une hausse spectaculaire de 10% en 2024, soit un taux deux fois plus rapide que celui de l’année précédente. En électronique, les ventes liées aux J.O. ont largement démarré en 2023 et se sont poursuivies durant le premier semestre 2024. Elles ont concerné la rénovation de la sécurité des stades, des transports collectifs et de certains ERP. Globalement, les J.O. ont été l’occasion de remettre à niveau les dispositifs de sécurité dans des secteurs économiques qui ne sont pas directement liés aux Jeux, comme les hôtels, les collectivités locales, les administrations, etc.

Il est cependant à craindre que 2024 sera le haut du cycle d’activité intense en matière d’achats de sécurité. Selon nos estimations, toute la filière de la sécurité a progressé de 7% en 2024 et elle devrait se contenter d’un +5% l’année prochaine, ce qui se situera nettement au-dessus de la moyenne des années 2010. La sécurité électronique devrait être moins affectée par ce ralentissement que les autres familles de produits et services.

 

3- Selon vous, quels sont les principaux enjeux auxquels les entreprises de sécurité électronique doivent répondre pour continuer à développer leur rentabilité ?

Conséquence de ce marché dynamique, la rentabilité des entreprises est aujourd’hui au rendez-vous, principalement pour les sociétés de sécurité électronique qui alignent traditionnellement une marge plus élevée que celles de surveillance humaine. Néanmoins, toutes les sociétés ne sont pas logées à la même enseigne : les plus nombreuses à afficher des résultats bénéficiaires sont celles réalisant un CA compris entre 10 et 100 M€. Les start-up rencontrent des difficultés pour sortir du rouge : c’est particulièrement vrai dans les drones de sécurité où seulement 51% des sociétés sont rentables contre 71% en moyenne pour la filière de la sécurité. Une raison simple : des frais de R&D et de développement commercial très élevés, alors que le petit volume de contrat ne permet pas de rentabiliser ces dépenses. Pour leur part, les grands groupes sont plutôt tournés vers leur réorganisation que vers la croissance, espérant ainsi améliorer leurs marges.

La sécurité électronique vit actuellement une étape cruciale de son histoire avec sa digitalisation imposée par les clients mais une intégration plus compliquée et moins rapide qu’anticipé de l’IA. La rupture technologique qui se prépare impose aux chefs d’entreprise d’avoir une vision stratégique plus affutée et de s’entourer de compétences plus pointues, tout en ayant un œil plus attentif sur les finances. C’est un défi assez complexe à relever, mais la profession a démontré dans le passé qu’elle savait faire preuve d’une grande capacité d’adaptation.

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